Katarina Brunclíková

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Katarina Brunclíková est une des photographes les plus talentueuses à être sortie de l’Insitut de photographie créative de l’Université de Silésie. En témoigne bien sûr le diplôme rouge qu’elle a reçu à la fin de son Master pour son cycle de photos de Prague, modernes et pleines d’imagination, ainsi que pour son mémoire traitant des photographes-femmes tchèques et du thème de la femme dans leur photographie, mais en témoigne avant tout aussi la qualité de ses travaux présentés ici. Depuis ses premières œuvres mûres, il fut évident que Katarina Brunclíková s’intéresse avant tout à la photographie artistique, qu’elle est souvent attirée par des motifs minimalistes, parfois réduits jusqu’à de simples signes de lumière et d’ombre. Elle est attirée par les possibilités de stylisation photographique de la réalité qu’elle trouve devant son objectif et travaille, de manière sans cesse plus inventive, avec les aspects psychologiques de l’effet des couleurs. Cela dit, il est évident qu’il ne s’agit pas pour elle de créer de belles images, mais d’exploiter l’émotivité de compositions fortes, de métaphores visuelles, d’analogies et de contrastes symboliques et formels pour exprimer ses propres expériences, sentiments, ambiances etc.. Ainsi, le cycle Des Yeux pour Buñuel, qui représente des fragments de reflets de visages féminins aux couleurs stylisés, est une réaction à la mort de son grand-père. Comme l’artiste le dit elle-même, « ce cycle reflète une certaine peur, une solitude, mais aussi un désir d’acquittement. » De même, sons cycle suivant, Musique, exprime, à travers des abstractions expressives et des couleurs puissantes, son expérience de la musique – pas seulement en tant qu’auditeur de musique, mais aussi en tant que musicienne active. Enfin, ses derniers cycles, où la conception classique de l’acte est dominée par une expérimentation avec des projections, confrontations de corps et de structures diverses et des glissements de couleurs, traitent plus des sentiments et impressions de l’artiste que du corps humain.

L’œuvre la plus aboutie de Katarina Brunclíková est sans conteste son cycle de documents subjectifs en couleurs pris dans Prague. Il s’agit de photos hautement stylisées, autant par leur mise au point floue que par leur usage de la technologie du « cross » qui change radicalement les couleurs d’origine des choses photographiées. Ce cycle vit le jour avec difficultés, dans un temps prolongé, et dans une période difficile de la vie de la photographe. Le résultat, cependant, est une œuvre profonde et formellement ciselée qui exprime le motif central de la solitude de l’individu au sein des villes modernes, et reflète, à travers diverses métaphores visuelles, le monde intérieur de l’artiste. Les hommes semblent se perdre sur ces photographies où dominent des tons de vert et du brun : parfois, on aperçoit le reflet de quelque silhouette, ailleurs on remarque des fragments flous de personnages. La rôle principal est confié ici à l’environnement froid et impersonnel du marbre, du verre et de l’acier où l’on voit des passant solitaires et on l’on devine, comme dans la grotte de Platon, des reflets d’un monde autre, plus réel et plus beau.

Les photographies de Katarina Brunclíková sont éminemment visuelles et toute tentative de traduction de leur signification multiple en mots concrets est d’avance vouée à l’échec. Pour certains, elles risquent de ne constituer qu’un jeu formel, pour les spectateurs capables de se syntoniser avec la longueur d’onde de l’artiste y découvriront des possibilités d’interprétation sans cesse renouvellées et en seront profondément marqués.

Vladimír Birgus

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